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" Mon chemin

J’ai eu envie de cet endroit-là parce que c’est un chemin bitumé, j’aime l’avancée vers l’herbe et peut-être vers l’eau, c’est comme si une voie avait été tracée depuis des années, on sent que ça va être dur d’en changer, mais en même temps, il va bien falloir. Je vois des petites herbes qui émergent de ce sol. Pour moi, ça symbolise l'instant où nous sommes et les interrogations que j’ai.

Mon chemin est droit, mais il a plein d’aspérités, c’est un rail qui n’est pas lisse, je peux sentir les rugosités, voir les différentes couleurs, les petites taches, les cailloux qui se sont ancrés comme dans une vie.

Cet endroit, c’est vraiment ce qui me traverse en ce moment ; et c’est encore plus marqué par la crise du Covid, par les 40 ans que je viens de prendre. Je trouve que c’est aussi symbolique de cet âge-là. Tu as le socle qui a été construit par tes parents, ton éducation, ton environnement, il t’a fait cheminer jusqu’ici. Et maintenant, tu sens que le cadre peut s’ouvrir, bouger, le chemin n’est plus aussi tracé.

Il y a des gens qui ont des vies décousues, moi je pense que je suis plutôt sur un rail, mais il n’est pas lisse, ni monochrome, il a différentes textures. Il y a plusieurs chemins, on est une addition d’humanités et on va vers le même espace. On va mourir, au bout il y a un trou, tu ne sais pas trop ce que c’est… moi, j’aime bien l’eau. Ce n’est pas un truc qui me fait peur.

L’ herbe, c’est l’espoir que des choses puissent émerger, qui ne soient pas compliquées avec un renouveau complètement numérique, des nouveaux matériaux, des nouvelles technologies, mais retrouver cette simplicité des petites herbes, des bourgeons. C’est mon souhait. J’ai deux filles de 10 et 7 ans, j’aimerais bien que leur vie … ça me pose plein de questions. Qu’est-ce qu’il faut que je leur transmette ?


 

Une autre histoire, la danse

Cet espace est très narratif. Il m’évoque, les bateaux... je suis une fille de la mer. C’est comme ma relation avec mon métier, qui est plus qu’un métier, c’est une passion, c’est une forme de vie, d’être au monde. Je ne sais pas ce qu’aurait été ma vie sans ça. Quand je danse, je n’aime pas avoir des choses très concrètes, des décors, des éléments narratifs qui te ramènent à un endroit et qui ne laissent pas la place à autre chose.


 

Stimuli

Ces endroits-là, tu les sens, olfactivement, mais aussi avec ta vision, ton corps. Il y a plein de stimuli que tu peux choisir de prendre ou de ne pas prendre : les constructions, les bruits du port, la sensations de l’herbe puis du chemin sous les pieds, le vent qui s’enroule autour de ton corps, qui t’emmène, te plie, te déplie… Et puis un espace comme ça, il te donne envie d’y danser.

On est dans un endroit public mais un peu privatisé, dans un entre-soi. Il y a des grilles. La notion d’espace public est transformée, ce n’est pas si évident.

On dit révéler un lieu… en tout cas, ça laisse une empreinte, tu as des œuvres sur les ronds-points, et le jour où tu enlèves l’œuvre, quand tu passes sur ce rond-point, tu te dis : «  Tiens, ils l’ont enlevée » mais ça a marqué le lieu. Ça n’a pas besoin d’être là tous les jours, c’est même plus fort, parce que c’est éphémère, évanescent, et c’est plus fort au final."

Katel, le 20 juin 

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