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"Une île

 

J’ai l’impression d’être sur une île... une deuxième île. Le quartier de l’Eure en serait une et cet endroit aménagé une autre.

On est entourés d’eau : derrière on sait qu’il y a le Port même si on ne le voit pas, devant il y a le bassin et un bateau à l’intérieur. Ça déconnecte légèrement de la Ville, même si le paysage nous rappelle qu’on n’est pas isolés, mais on est un peu coupés, un peu à côté.

 

 

Le Havre ?

 

On a l’impression d’être sur une île, en dehors du Havre : on peut apercevoir l’Hôtel de ville et Saint Joseph et c’est seulement ça qui nous rappelle où on est. La vue est inhabituelle : souvent on voit la mer, le Port ou la ville depuis la ville haute, là on voit la ville basse mais son centre est décalé par rapport à d’habitude. On a aussi une belle vue sur la costière.

Si on ne connaît pas la Cité numérique, Sciences-Po ou l’ENSM, ni les bâtiments devant, on n’a pas vraiment l’impression d’être au Havre. C’est moderne, très grand. D’ici, les bâtiments sont moins spectaculaires, moins intimidants, on a envie de rentrer, de voir ce qui s’y passe.

C’est comme une cité portuaire échouée. On sent qu’il y a de l’industriel, c’est les hangars un peu vieillots, les bruits du travail.

 

Les immeubles en face ne sont pas si particuliers. On a l’impression d’une petite cité ouvrière, assez « HLM de base »… Il y a des terrasses, des accès vers l’extérieur, mais je me serais attendue à des terrasses qui montent, qui descendent, des éléments qui sortent de ce bloc.

Là, c’est monolithique. Bien sûr, il y a des couleurs, du rouge, du blanc, des revêtements différents, mais c’est très cubique, très figé.

 

 

Des aménagements et de la liberté

 

Je voulais voir, dans mon paysage, le cadre posé de l’autre côté du bassin… un cadre… ou une scène. Finalement, c’est ce qui est intéressant dans ces aménagements temporaires, c’est la liberté de l’utilisation : une scène pour des musiciens, une table pour y pique-niquer, un poste d’observation...

On peut inventer plein de choses avec une petite structure de bois très simple.

On voit à travers, ça fige le paysage sur la rue d’un côté, sur le port de l’autre. C’est comme une vitrine.

Il aurait pu être positionné différemment avec une vue sur la mer et une autre sur le Jardin fluvial, mais là on a cette vue sur le canal et sur la ville, c'est bien.. Ici aussi, c’est la ville, mais c’est réservé, intimiste. Moi, je ne viens pas souvent. Ce n’est pas le premier endroit auquel on pense pour se balader.

Je venais avec une copine, on s’installait, on mangeait. Ça change de la plage, c’est agréable et rafraîchissant : le Jardin fluvial, c’est un îlot de nature et de loisirs.

De ce côté du bassin, c’est plus à l’abandon, ça n’invite pas à venir. C’est réservé à de la manutention, à la logistique, c’est une zone de travail.

Et de voir cet espace un peu aménagé c’est vraiment chouette.

Quand on monte sur les chaises, on voit différemment. Pourtant, ça n’élève pas énormément, mais on domine. Ça invite à regarder tout autour.

Et ces manches à air, au Havre où il y a perpétuellement du vent, c’était une évidence ! Et le vent invisible, ici, il est souligné avec ces manchons qui se remplissent d’air, s’abaissent, se soulèvent. Aujourd’hui, c’est doux. Ils virevoltent tranquillement. Le vent est comme une caresse. Il n’y a pas de violence dans leur façon de se mouvoir.

 

Les structures construites sont solides et ça va avec le paysage, avec cette idée de travail, de rudesse. On est là sur un quai qui est présent depuis des dizaines d’années. C’est à l’épreuve du temps.

L’histoire est présente, mais seulement par le canal et ses abords directs. On voit les escaliers, la rouille, les rails, les objets du pont. Mais tout le reste est moderne. Seul le quai possède encore des traces de l’Histoire.

 

 

L’eau, cette invisible

 

L’eau ici, c’est un peu comme Amsterdam, ça ajoute de la douceur. C’est immuable, l’eau est là, elle coule, doucement, accueillante, des enfants se baignent.

On peut s’y évader. Elle est immuable.

Ça apporte beaucoup de douceur au paysage. Lorsqu’on regarde devant soi, on ne la voit pas, elle se devine. Ce serait un trou vide, comme une cale sèche, on serait déçus. Là, elle remplit l’espace, on est contents de la voir.

Les bassins au Havre, c’est quelque chose. J’ai longtemps habité Saint François, j’y suis habituée. C’est un des éléments que tu peux regarder en ne pensant à rien.

Dans les jardins asiatiques, il y a toujours de l’eau. Ça n’effraie pas un bassin, ça invite à la relaxation, à la douceur. On y voit les marées, ça permet de savoir que la mer est là, sinon on peut l’oublier.

 

A gauche, il y a encore des bateaux, mais plutôt de la plaisance. Et puis de l’autre côté, le bassin n’est plus exploité, il est juste là. On se demande pourquoi. On se demande ce qui s’est passé avant, pourquoi ça s’est arrêté.

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Ces endroits, ça pousse à la curiosité, à la réflexion et à l’imagination."

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Alexandra, le 12 septembre.

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