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" Des petits arbres

 

...Avec le vélo qui passe, les petits arbres qui ont l’air déjà tout fini, tout petit, ramassé, c’est ce qui m’a séduite… des petits arbres dans un espace si grand, urbain et portuaire… les hangars et puis le bâtiment un peu ancien.

Je ne suis pas du Havre, je ne sais pas ce qu’était ce bâtiment, mais il ne m’attire pas vraiment. Il trouve sa place dans l’ensemble, il raconte des choses, mais je ne lui trouve pas de charme.

Autour, rien n’est naturel, tout est construit : les immeubles, les hangars, même les bassins. C’est très « humanisé », très rempli de la main de l’Homme… et ces arbres, ils sont naturels, petits, mais charnus, plein de branches et de bois. C’est assez extraordinaire que ça puisse pousser. Malgré leur petitesse, ils sont denses, présents. Ils imposent leur présence, ils font leur place.

C’est vrai qu’il n y a pas grand-chose à part ce qui a été planté. Spontanément, ça ne pousse pas ici je pense.

 

Oui, c’est vrai l’arbre à papillons….

Ce n’est pas un lieu où on imagine de la verdure et en fait il y en a. Je ne m’y attendais pas. Je m’imaginais juste un espace vert, plat, où on pourrait s’allonger, mais sans fantaisie. C’est assez austère pour que ça pousse. Ils ont du mérite ces arbres !

Je les ai trouvés beaux et inattendus. En plus, ils font assez méditerranéens...

 

 

Un phare

 

C’est intéressant ces deux cheminées avec la cloche des Dockers et la structure en bois posée ici.

C’est magnifique ! Les carrés, les rectangles, les angles, ce n’est pas trop mon truc… alors c’est vrai que je l’aurais aimé plus arrondi... Heureusement, j’adore le bois, ça vit le bois, ça se transforme avec le temps, ça se patine. C’est comme les arbres.

En même temps, ça correspond à ce qui est alentours, au côté anguleux du paysage.

Ça pose les choses. Il est posé ce cadre, c’est solide, c’est là, visible et … ça fait une belle scène.

 

C’est comme si la cloche rappelait les cheminées. C’est comme un phare, un repère. Ça attire le regard, c’est ça un phare... ça donne une orientation.

Ce paysage en général, il n’est pas paisible, sauf le ciel. Il y a plein de limites : la structure, les cheminées, la cloche, les hangars…

Étant là pourtant, j’essaye d’apprivoiser mon regard à quelque chose de différent : je déteste les cheminées, c’est l’industrie, le commerce, un monde à bout de souffle, nécessaire probablement parce que c’est la vie des gens, mais inscrit dans quelque chose de fini. C’est pareil pour ce port, c’est le symbole du transport maritime, de pollution maritime…

Et pourtant de loin, c’est beau.

La cloche c’est les dockers, le commerce, mais c’est aussi le travail difficile, l’histoire du Havre.

Si les cheminées disparaissent, ça ne me dérangera pas, quoique, c’est bien de conserver des traces de l’histoire. Ce sont des repères pour les gens du Havre. Pour moi, ça n’a pas de symbolique, mais je pense que pour les Havrais, ça a une signification, c’est un témoignage.

 

 

Le Havre, son ciel et les pensées

 

Je ne connaissais pas ce site. Je redécouvre. J’ai connu le Havre il y a des décennies et ce n’était pas aussi développé. Il y a plein d’endroits partout : les Jardins Suspendus, le Fort de Tourneville, les quais, le Bout du monde… et toujours ces vues sur la mer ou sur le Port. Il y a de la vie, le ciel est changeant tout le temps. Ça me touche.

L’horizon ici, il est dans le ciel. Quand tu es arrêté par les bâtiments, ce qui sauve, c’est lui.

J’aime voir le ciel et la mer qui se réunissent. C’est moins présent ici. Au contraire, c’est une entité à part entière, il tranche avec le reste du paysage.

Le ciel, ici, il change tout le temps, c’est comme les pensées, ça ne s’arrête pas. Du coup, ce n’est pas la peine d’essayer de courir après. Souvent quand on a des pensées, on créé plein d’émotions, alors qu’en fait, c’est une pensée, c’est comme un nuage dans le ciel, ça passe. Ça évite de s’accrocher à des trucs, et ça permet de saisir des choses, d’être dans l’instant, dans une liberté du ressenti.

 

Même les gris ils me plaisent… Plus jeune, je n’aimais pas cette couleur. Plus je viens au Havre, plus je les aime, c’est changeant et inspirant. Il y en a une infinité qui donne au site une ambiance particulière. Les nuages aident beaucoup à l’appréhension du lieu, d’autant que ça se reflète dans l’eau, ils lui donnent sa couleur. Même s’il fait gris, ça ne me dérange plus. Je ne m’attends plus à voir un ciel bleu.

Voir un ciel changeant dans la journée, ça me ramène aussi à ma façon de penser. Je me lève avec une humeur et dans la journée, je suis passée par plein d’humeurs différentes. Ça permet de ne pas s’attacher aux choses qui peuvent être douloureuses ou d’être trop content, de rester dans quelque chose de paisible, d’être moins dans la passion, de trucs comme ça qui peuvent heurter."

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Clara, le12 septembre

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