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"Un site qui bouge

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Avant on ne pouvait pas accéder au milieu du bassin, il fallait détourner tout le terrain pour arriver jusque là.

Je venais moins, mais ça m’arrivait. On a toujours pu entrer, la barrière était toujours ouverte. C’est un lieu pour se réunir, pour faire des petits barbecues. Ici, avant, il y avait un monsieur qui avait un grand container, et il vivait dedans. Là où il y a le tag. Le container était allongé et le monsieur, sa baraque, c’était dans le container. Il a vécu là une quinzaine d’années, il était à bicyclette. Un jour, je suis venu, il n’était plus là. Ils l’ont dégagé à mon avis. Des fois je venais lui rendre visite pour lui ramener de l’eau, un bout de pain.

Pêcher ici ? il n’y a pas trop de poissons. C’est des bassins un peu fermés ; là-bas, quai de Saône, c’est complètement fermé, le poisson ne peut pas rentrer. Ici, il peut y en avoir, mais c’est le minimum. Ici, ça devient plus une sorte de plage.


 

De la liberté et de la poésie

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Des fois, vous connaissez la vie de cité ; … le cadre, la liberté, le paysage, pittoresque, quoi ! Il n’y a personne qui nous emmerde. Comme ça, on est là, on fait chier qui ? On ne dérange personne. Si on veut mettre de la musique fortement, il y a qui autour ? Il n’y a que les oiseaux qui nous écoutent.

Attention, je suis un poète !

Je viens depuis toujours, même gamin, je venais pêcher des crabes pour rigoler avec. Après, on les rejetait à la flotte.

Les hangars, là-bas, ils s’en servaient pour faire des tournois de pétanque entre dockers. Moi, je n’y accédais pas trop, parce que, des fois, il y a des gens qui n’acceptent pas le faciès de l’autre.

Des hangars, il y en avait partout. Là, c’était pas des appartements comme en face. Il y a aussi la Fédération française du bâtiment, la médecine du travail. Là-bas, c’étaient que des hangars tout le long. Maintenant, ils ont fait des lotissements, ils ont fait des complexes pour les étudiants…

Avant, c’était tout des friches, comme on est là, c’était le bordel. C’était crasseux. Ce qui nous plaisait, c’était juste le bord du quai. Vous vous mettez au bord, assis, c’est plaisant, le soleil reflète dedans, nous tape sur le visage. Le Quai de Saône, il est fermé des deux côtés, l’eau stagne, ça filtre pas. Ici, vous regardez, c’est ouvert, ça vient de la mer, elle est assez claire, on voit des mulets de temps en temps qui sautent, mais sinon, c’est tranquille, pas le bruit de la ville, pas de voiture. Apparemment, ils disent que c’est interdit de se baigner, mais elles sont où les pancartes ? Nulle part, alors on se baigne.

Mais c'est quand même bien aussi de laisser des endroits où on peut venir sans emmerder personne, parce que tout ranger, ce n'est pas non plus la solution.

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On dirait le Sud

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C’est propre ce qu’ils ont fait, c’est magnifique.

Les trucs en l’air qui virevoltent, ça me fait penser au sud, je sais pas pourquoi, comme ça, le vent d’Est; eux, ils savent naviguer, les sudistes, sur la Méditerranée.

En fait, ça ne me raconte rien du tout, je préfère ça : la roche, c’était là, c’est ici maintenant, on a fait de la récup’ avec ce qui traînait, on embellit quelque chose, ça met en valeur. Les chaises, les mâts, c’est neuf, mais ça, ces pierres, ces morceaux tout rouillés c’est quelque chose qui a traîné là-bas. Maintenant on l’a mis là, on a mis des cales, on a fait ça proprement, on a même collé des trucs, on a même meulé! J’ai touché, franchement, c’est bien fait!


 

Un souci d’orientation

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Les chaises, c’est magnifique, en plus avec quelques bouts de bois. Ils n’auraient pas dû mettre du blanc, ça aurait fait plus rustique. En plus, la peinture, elle collait. Je me suis assis dessus, la 1ère fois, dimanche dernier. Un gars m’avait dit : « oui, je suis passé là, il y a des chaises ». Je suis venu voir mais je m’en suis mis partout. Je travaille dans la peinture. Je touche le truc, ça collait. Je me suis dit : « Oh la la ! Ils ont mal fait leur mélange les gars ; Ils vont se faire engueuler ».

C’est dommage qu’il n’y ait pas de chaise tournée vers l’autre côté du bassin, parce que le matin, quand on arrive ici à 8, 9 heures, le soleil est là-bas, et le soir, le soleil est par là, donc il en faut une des deux côtés. Moi, j’aime bien regarder le soleil.

Et celle qui est placée vers les immeubles, elle est mal placée. Nous, on aime regarder la nature, pas regarder les gens qui sont chez eux ou les gens dans le jardin."

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Adel, le 17 septembre. 

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